Comment la technologie RFID ouvre la voie au retail du futur ?

Pouvant être définie comme la carte d’identité unique d’un produit, peu importe sa forme, (textile, alimentaire, etc.), la puce RFID renferme de nombreux avantages pour les acteurs du retail. Depuis quelques années, cette technologie devient un des principaux leviers de croissance pour les acteurs du marché, dessinant les futurs d’un secteur en pleine révolution. Explications par Rodrigue SIMI DJOMO, Responsable Avant-ventes Solutions RFID & Solutions Connectées chez Checkpoint Systems et Nicolas de Guillebon, Manager des projets IoT chez Connectwave.

Quel type de collaboration menez-vous actuellement ?

Nicolas de Guillebon : Checkpoint est un adhérent historique du Centre National de référence RFID qui participe à l’évangélisation et au déploiement de cette technologie en France auprès des acteurs du marché. Nous avons notamment eu le plaisir de co-construire ensemble des actions de pédagogie autour de la RFID et de l’IoT autour de cas d’usage industriels.

Rodrigue Simi Djomo : Pour compléter le propos de Nicolas, Checkpoint participe régulièrement à la réalisation d’études et de groupes de travail, pilotés par Connectwave. Ils nous arrivent également de travailler ensemble sur des appels d’offres.

La technologie RFID est-elle en train de révolutionner le retail ?

Rodrigue Simi Djomo : La technologie RFID existe depuis longtemps, c’est un fait, en ce sens ce n’est pas une révolution. La révolution vient de la volonté accrue des retailers d’implémenter la RFID et d’en faire un pilier de leur stratégie de développement et de transformation digitale.

Nicolas de Guillebon : En effet la RFID n’est pas une révolution en soi, néanmoins elle génère une révolution des usages du retail. Cette technologie permet d’identifier automatiquement chaque objet. Ainsi il devient un objet connecté qui communique avec les systèmes d’information du magasin. La RFID apporte une rupture immense des usages en magasin et c’est en cela que l’on peut parler de révolution.

A quels acteurs s’adresse la RFID ? Est-elle en passe de se démocratiser ?

Nicolas de Guillebon : Oui, nous pouvons parler d’une démocratisation de la RFID, en revanche il faut garder à l’esprit l’expertise que nécessite sa mise en place, notamment dans la supply chain management.

Rodrigue Simi Djomo : Je suis d’accord avec Nicolas, en devenant de plus en plus accessible, la RFID s’ouvre à une population plus large de retailers. Notons également que les success stories de Décathlon ou de Zara apportent des preuves tangibles quant aux bénéfices de cette technologie. Je pense également que la pédagogie autour de la RFID porte ses fruits, incarnée, entre autres par Connectwave.

Quels sont les indicateurs de rentabilité de la RFID aujourd’hui ?

Nicolas de Guillebon : La démocratisation importante de la RFID a logiquement un impact positif sur son coût pour les entreprises. On estime qu’en 2017 il y avait entre 18 à 20 milliards de tags dans le monde. De ces volumes importants découlent logiquement une baisse des prix.

Rodrigue Simi Djomo : Grâce à la RFID, les inventaires sont plus fréquents et plus précis, les stocks sont plus fiables et les linéaires sont toujours optimisés. Cela génère une augmentation des ventes car le client trouve toujours son produit au moment où il le souhaite. D’autre part, la connaissance précise de l’état des stocks permet d’éviter le sur-stock et l’immobilisation superflue de capital y afférente. Il s’agit là aussi d’une forme de gain pour le retailer.

Nicolas de Guillebon : Pour appuyer le propos de Rodrigue, notons que l’ordre de grandeur des erreurs d’inventaire manuels est de l’ordre de 5%, alors que la RFID permet de descendre à 0,1%. De plus la RFID permet non seulement la détection mais surtout l’identification de la démarque. Désormais, on sait quel article a disparu et on peut ainsi le réapprovisionner le plus rapidement possible.

Dans quelle mesure la RFID facilite-t-elle les synergies entre le retail online & offline ?

Nicolas de Guillebon : Dès que j’ai un item identifié de manière unique avec la technologie RFID, je peux le vendre également de manière unique, qu’il soit dans le stock d’un retailer Internet ou d’un retailer physique. La RFID est la passerelle entre le retail online & offline.

Grâce à cette connexion de l’objet, il est aisé de retrouver les autres articles qui ont été achetés au même moment. Cela peut servir aux autres consommateurs, qu’ils soient online, dans la cabine d’essayage ou encore en train de patienter en caisse. On peut orienter l’achat, donner des conseils.

Rodrigue Simi Djomo : Nicolas a raison, la RFID est un élément clé du commerce omnicanal. Notons également qu’aujourd’hui cette technologie permet aux consommateurs en magasin de vivre une expérience d’achat similaire à ce qu’ils ont sur internet. En effet, des écrans interactifs RFID en cabine d’essayage ou en surface de vente donnent des informations sur les produits, recommandent des produits complémentaires et permettent même de réaliser directement l’encaissement. La RFID permet donc d’améliorer l’expérience client en magasin.

En quoi la RFID est un ingrédient clé de la digitalisation de la chaîne de valeur dans le retail ?

Nicolas de Guillebon : A l’heure où l’on parle beaucoup du Règlement Général sur la Protection des Données Personnelles, il faut savoir que la RFID est à l’origine des premières réglementations européennes en matière de protection des données personnelles. Cette « compliance » historique de la RFID avec la réglementation européenne est essentielle pour les retailers. Pourquoi ? Une fois le tag apposé sur un produit, nous avons accès à sa carte d’identité « produit ». Autrement dit, nous parlons directement avec le produit, imaginons une chaussure, mais pas à la personne qui la porte. Cette dichotomie sans équivoque entre le produit et la personne supprime toute forme de doute quand elle est formalisée dans un « Privacy Impact Assessment ».

La RFID a la réputation d’être encore onéreuse. Est-ce toujours vraie ? Est-ce un toujours aussi bloquant ?

Rodrigue Simi Djomo : Au-delà de l’investissement que représente la mise en place de la RFID, les acteurs du retail ont de plus en plus tendance à plutôt se focaliser sur les bénéfices et le retour sur investissement (ROI) de cette technologie. La démocratisation de la technologie, l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché, les réussites des acteurs comme Décathlon, sont autant de signaux qui confirment et contribuent à la réalité du ROI de cette technologie.

Nicolas de Guillebon : Il y a trois centres de coûts bien identifiés au-delà de la partie de gestion de projet, il s’agit de : l’étiquette, l’équipement pour la lire, les coûts d’intégration dans le système d’information de l’entreprise. Tous ces coûts sont à la baisse.

Quelles sont les prochaines technologies qui vont impacter le retail ?

Nicolas de Guillebon : On ne pourrait pas toutes les citer. Les objets connectés, dans l’industrie notamment, sont encore loin d’avoir livrés leur plein potentiel. En assurant en même temps l’amélioration des processus internes de l’entreprise, l’optimisation de l’infrastructure SI et la création de nouveaux services au profit de l’expérience client, nous n’avons pas fini d’en entendre parler.

Rodrigue Simi Djomo : Tout à fait, l’IoT est autant un allié technologique qu’économique et on imagine aisément que cet allié jouera un rôle important dans la transformation digitale engagée par les retailers.

Comment voyez-vous le magasin, du commerce de proximité à la grande surface de demain ?

Rodrigue Simi Djomo : Amazon, c’est une source de motivation pour les autres magasins physiques. Il faut néanmoins rester réaliste, nous sommes encore bien loin du « tout online ». Cela n’enlève rien à l’effort de transformation qui doit être fait par les acteurs du retail, la RFID fait partie de la palette des outils à leur disposition. Moyennant cette transformation, les retailers peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

Biographies

Nicolas de Guillebon, IoT Program Manager à Connectwave : Diplômé de l’ESIEE Paris, Nicolas de Guillebon effectue les 15 premières années de sa carrière professionnelle au sein du groupe STMicroelectronics. Il occupe des fonctions de R&D et suivi de production, de Marketing Technique et de Business Development en France et aux US dans la Silicon Valley, où il développe son expertise des marchés des composants sécurisés, des microcontrôleurs industriels et des interfaces tactiles grand public. Il effectue ensuite plusieurs missions de Marketing Technique et de création d’offre produit pour une PME d’électronique embarquée puis pour une startup œuvrant dans les économies d’énergie. Il rejoint le CNRFID au début de l’année 2013 pour prendre en charge l’activité NFC pour l’industrie et créé le showroom Connectwave, plateforme innovante d’expérimentation et d’usage des objets connectés pour l’industrie et les professionnels. Le CNRFID devient Connectwave en 2017, Nicolas se focalise alors sur l’accompagnement des sociétés dans leur lancement de projets IoT, pour apporter une vision large et indépendante des technologies et des usages de l’IoT.

 

Rodrigue Simi Djomo, Responsable Avant-Ventes Solutions RFID & Solutions Connectées : Titulaire d’un Master en Mathématiques et Applications au Codage et à la Cryptographie, Rodrigue Simi Djomo navigue entre Sécurité et RFID au travers des différents postes qu’il occupe.

Fort d’un projet de fin de Master innovant autour de la carte à puce, il rejoint Oberthur Technologies en 2008, d’abord pour un stage puis en tant qu’ingénieur chargé de l’intégration des mécanismes de sécurité cryptographiques dans les e-applications type passeport électronique. En parallèle, il s’occupe également de valider l’intégration des briques RFID dans ces mêmes applications. En 2011, Il rejoint l’équipe Déploiements Systèmes et s’occupe des opérations d’avant-vente, de déploiement des systèmes délivrance de e-Passeports et de support après-vente dans la zone EMEA.

En 2014, il rejoint Pacom Systems (Groupe Stanley Security) en tant que spécialiste avant-ventes et après-ventes des solutions matérielles et logicielles de sécurité d’infrastructures physiques. Pendant 3 ans, il s’occupe de projets de Contrôle d’accès RFID, d’Intrusion et de Vidéosurveillance dans la zone CEMEA.

En Avril 2017, Rodrigue rejoint Checkpoint Systems en tant que Responsable Avant-Ventes Solutions de Visibilité Marchandises et Solutions Connectées. Dans ses fonctions, Rodrigue a la responsabilité de conduire la stratégie de développement des ventes sur les solutions innovantes, en étroite collaboration avec les responsables comptes clés et les experts techniques, ainsi que de mettre en place des partenariats synergiques.