Air France-KLM, les Objets Connectés en ligne de mire

Avec un chiffre d’affaire de 26,1 milliards d’euros en 2015, Air France-KLM réalise 2220 vols par jour vers 316 destinations et transporte 87 millions de passagers et 1,3 tonne de fret. Dominique Radonde, Architecte RFID et NFC, présente l’importance de la RFID et des Objets Connectés pour Air France-KLM.

Comment Air France-KLM s’est-il tourné vers les Objets Connectés ?

C’est une suite logique des travaux RFID que nous menons depuis 10 ans. Nous avons un fort besoin de mobilité et de communication M2M impulsé par les programmes de digitalisation. Il s’agit de plus en plus d’automatiser, de simplifier et de fluidifier l’ensemble de nos processus : ces technologies nous permettent d’approcher ces objectifs. Nous réfléchissons désormais à l’utilisation de nouvelles technologies reposant sur les réseaux LPWAN comme Lora, Sigfox et d’autres…

Pourquoi avoir choisi de participer au programme ITGDO Aerospace ?

ITGDO est un espace de réflexion entre des partenaires de l’industrie aéronautique et spatiale. Auparavant, notre proximité géographique et culturelle nous incitait à établir des échanges informels. Ce programme a amené un formalisme dans nos discussions, un cadre. Grâce à ITGDO, nous avons rencontré de nouveaux partenaires – aussi bien des donneurs d’ordre que des offreurs de solutions. Promouvoir la filière française était aussi intéressante : pourquoi aller chercher loin les excellentes compétences que nous avons à proximité ? Pouvoir exprimer les besoins communs à notre industrie, dans toutes ses dimensions, les soumettre aux offreurs de solutions et pouvoir les réaliser dans le cadre de démonstrateurs fonctionnels et opérationnels était vraiment excitant.
Le CNRFID a joué un rôle important : en tant que coordinateur, il a monté le dossier de financement auprès de BPI France et, désormais, il assure le suivi de tous les projets.

En quoi consistent les démonstrateurs que vous mettez en œuvre ?

Nous travaillons sur trois projets : le suivi des équipements embarqués (inventaire automatique de gilets de sauvetage, de bouteilles à oxygène, d’extincteurs…), les Moyens industriels & de servitude et le suivi des outillages. Ce dernier, relève d’une problématique commune à l’ensemble des donneurs d’ordre (comment sont-ils utilisés ? où ? quel est leur taux d’utilisation ?) Nous voulons des solutions qui nous offrent une utilisation normalisée de ces objets. Les démonstrateurs sont en cours de développement et devrait être opérationnels début 2017.

Quels autres projets dans les Objets Connectés mettez-vous en œuvre ?

Ce sont les trois grandes directions opérationnelles du Groupe (AFKL E&M (la Direction Industrielle), la Direction de l’exploitation Sol et AIR FRANCE KLM MARTINAIR Cargo) qui sont moteurs dans la mise en œuvre d’Objets Connectés. Dans ces directions, on retrouve des familles de besoins communs (géolocalisation des objets outdoor/indoor, les inventaires, le suivi en temps réel de l’état des objets). Plusieurs projets sont en cours de développement : la géolocalisation des équipements sur le tarmac autour des avions (tracteurs, groupes électrogènes…), le transport de produits pharmaceutiques ou de marchandises à haute valeur ajoutée (suivi des températures, pressions, chocs en temps réel) et le suivi des outillages.

Quels sont les enjeux ?

Notre objectif est la simplification et l’optimisation de l’ensemble de nos processus. Il s’agit de mobiliser nos ressources au bon moment au bon endroit. Il faut compenser la quantité par la qualité. Prenons l’exemple d’un groupe électrogène. Le matériel est déplacé d’un site à un autre. Le taux d’utilisation est-il optimal ? Une meilleure visibilité sur l’utilisation et sur l’état de ce groupe électrogène permettra de d’optimiser les investissements. De manière générale, beaucoup d’informations doivent remonter sans délai pour avoir une vision précise de l’activité. Toutes ces informations collectées en temps réel permettront d’alimenter nos systèmes Big Data pour faciliter la réalisation des analyses prédictives et ainsi optimiser nos performances opérationnelles. Pourquoi ne pas envisager de la maintenance préventive intelligente ? Les moyens industriels partiraient en maintenance avant de tomber en panne. Nous offririons une meilleure qualité aussi bien pour nos partenaires que pour les passagers et à terme pourquoi ne pas envisager la mise en place de nouveaux services ?

Quel est l’importance du volet normatif pour Air France-KLM ?

On gravite dans une industrie globale et internationale avec de nombreux partenaires (les aéroports, nos partenaires, les prestataires avec qui nous travaillons). Il est nécessaire d’avoir un langage commun. Outre les normes techniques, il faut bâtir des normes d’usages c’est-à-dire des procédures d’utilisation des objets (avec des organisations comme ATA*, IATA**…).

Au sein d’ITGDO, nous travaillons sur quatre axes : les aspects règlementaires, la normalisation des données, l’interopérabilité et les interfaces avec le système d’information, afin de mettre en œuvre dans l’avenir des solutions communes, standardisées, interopérables.
La règlementation est encore assez floue sur la possibilité d’embarquer des Objets Connectés qui émettent des fréquences. Il faut donc des organismes régulateurs qui fassent des tests d’évaluation des émissions et des perturbations électromagnétiques puis des homologations. Il s’agit d’indiquer aux fabricants d’objets connectés les standards à respecter. Il ne faudrait pas que 50 valises connectées empêchent un avion de voler ! Plus sérieusement, il nous tarde que tout soit clair dans ce domaine car il y a un vrai besoin de mettre des objets connectés à bord des avions.

* Air Transport Association
** International Air Transport Association

Contacts

Dominique Radonde
Architecte RFID et NFC
Air France-KLM